Ilana Isehayek
Presse / Textes Mes cabanes à Sélestat

Ilana Isehayek. Les Cabanes, catalogue d’exposition, Polart, Strasbourg/Centre d’art contemporain Château Ujazdowski, Varsovie

 

"Les cabanes à Sélestat" , d’Ilana Isehayek sont une des propositions de l’édition 2001 de Sélest’art, la biennale d’art contemporain de la Ville de Sélestat (Alsace, France). Elles ont pris place sur le parvis de l’Agence culturelle d’Alsace en septembre 2001. C’est presque naturellement que les "cabanes" sont venues s’emboîter dans le portique métallique qui anime ce lieu de passage. Les planches de pin brutes utilisées par l’artiste ont été glissées dans les éléments existants, formant trois cabanes à ciel ouvert. Chacune d’elles est percée de plusieurs oeilletons correspondant à une pièce, clairement identifiée par une inscription au feutre rouge : Living-room, Play-room, Cuisine, Salon, etc. par lesquels le passant curieux apercevra effectivement un intérieur ouaté, la sphère intime de certains des correspondants de l’artiste qui lui ont envoyé par e-mail des vues de leur "sweet home».

 

Au-delà de la référence incontournable au voyeurisme ou plus innocemment aux jeux enfantins, l’oeuvre met en jeu des mécanismes liés à la position du corps dans l’espace. Qu’est-ce qu’une cabane, une maison, sinon un lieu dans lequel on peut pénétrer, s’abriter. Si dans le travail d’Absalon, la cellule habitable a tendance à se refermer sur le corps de l’occupant, Ilana Isehayek joue ici sur cette notion d’espace pénétrable : les cabanes sont totalement closes à l’exception du toit inexistant, mais le passant, par l’intermédiaire de son oeil pénètre dans un espace intime, privée.

 

Grâce au soutien de la Ville de Sélestat et du FRAC Alsace, l’artiste a pu faire évoluer son projet au-delà de la manifestation pour lequel il a été crée. Une des cabanes a été modifiée de façon à faire apparaître en creux deux banquettes en vis à vis. Sur cette esplanade, qui n’offre aucun espace de repos, la proposition paraît éminemment chaleureuse. Après l’oeil, c’est le corps entier du spectateur qui pénètre l’espace de la cabane. Pourtant, les dimensions sont telles que si deux personnes qui n’entretiennent pas des relations d’intimité utilisent les banquettes simultanément, il en résulte un face à face assez inconfortable. Recroquevillé sur la banquette, contre la paroi de bois, inspiré par l’esprit du lieu, le passant peut donner libre cours à ses réflexions sur nos modes de vie en société, notre rapport aux autres.

 

Le travail d’Ilana Isehayek est un work in progress. Elle introduit dans cette presque-sculpture des changements non immédiatement perceptibles, de l’ordre de ces modifications de notre environnement quotidien – la nouvelle couleur d’une façade – que l’on perçoit sans en saisir la nature exacte. Son projet vit avec la ville, à son rythme.

Ilana Isehayek :
"Mes cabanes…"
Barbara Bay

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